Dans les régions reculées de la RDC, une riposte coordonnée à la variole du singe

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OMS/Eugene Kabambi
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Dans les régions reculées de la RDC, une riposte coordonnée à la variole du singe

Kindu (province du Maniema), 15 juillet 2022 - Cela fait un peu plus d'un an qu'Ayoko Maliyabwana a perdu sa femme et deux de ses enfants à cause d'un ennemi inattendu : la variole du singe. "Ma femme a commencé à développer la variole du singe, puis ma fille de 6 ans et mon fils de 5 ans ont été contaminés", se souvient ce chasseur de gros gibier de 38 ans originaire de Wanga, un village reculé de la province du Maniema, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Les 18 membres de la famille de Maliyabwana ont également été contaminés après avoir mangé la viande d'un singe qu'il avait tué. Ils ont développé des éruptions cutanées sur leur visage et sur d'autres parties du corps. Mais si les autres ont fini par se rétablir, sa femme et ses deux jeunes enfants ont succombé à la maladie en mai 2021.

De Wanga, la maladie s'est ensuite propagée à six autres villages de la région, étendant sa portée à environ 300 km plus au sud de Kindu, la capitale provinciale. "C'était terriblement terrifiant car les gens en mourraient", se souvient le Dr Yemba Tshomba, médecin-chef de zone de Tunda.

À l'échelle nationale, 85 cas confirmés ont été signalés depuis le début de l'année.

Dans la vaste zone de santé de Tunda, coincée entre la forêt tropicale et de nombreuses rivières, où vivent plus de 102 000 personnes, la chasse et la consommation de singes et d'autres animaux sauvages sont très répandues. "Les contacts fréquents entre les hommes et les animaux, ainsi que la consommation des gibiers de ces forêts, favorisent la transmission de cette zoonose virale", explique le Dr Tshomba.

En Afrique, la chasse et la consommation de la viande de brousse font partie de l'histoire et de la culture de nombreuses communautés. La viande de brousse constitue également une source essentielle de protéines dans les régions où l'élevage d'animaux de ferme domestiqués, comme les bœufs ou les poules, est soit trop coûteux, soit tout simplement peu pratique en raison du climat ou de la végétation environnante. Cette viande de brousse peut également être vendue, ce qui en fait une importante source de revenus.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fourni du matériel médical pour renforcer les mesures de prévention et de contrôle des infections dans les centres de santé des zones épidémiques, ainsi que pour une prise en charge efficace des patients atteints de la variole du singe dans les provinces de Maniema, Mongala, Sankuru, Tshopo et Tshuapa, qui ont été les plus touchées.

Les équipes de gestion des zones de santé touchées ont mené des activités de sensibilisation avec l'appui technique de l'OMS, qui a fourni plus de 1 200 affiches expliquant comment éviter d'être infecté par la variole du singe. Les affiches soulignent notamment le risque lié aux animaux trouvés morts dans la forêt. Des missions multidisciplinaires conjointes financées par l'OMS ont également été envoyées dans les cinq provinces prioritaires de la RDC pour mener des enquêtes approfondies.

"Quand la variole du singe a commencé à sévir ici à Wanga, quatre de mes élèves l'ont aussi contractée. Ils ont pu survivre en se faisant soigner au centre de santé", témoigne Njovu Uetuku, enseignant à l'école du village.

Cependant, la mobilisation sociale pour la lutte contre la variole du singe se heurte à des résistances, notamment chez les vendeurs ambulants de viande de brousse. "Même si la législation interdisait la chasse aux singes, le simple fait que les commerçants demandent de la viande de singe et la revendent dans les centres urbains signifie que c'est une bonne affaire", relève Opondjo Omehambe, un vendeur ambulant rencontré sur la route de Tunda.

Convaincre la population locale d’adopter de nouvelles habitudes peut également être difficile, confirme Yuma Umetuku, infirmier au centre de santé de Weta. "Beaucoup de gens dans ces communautés croyaient que cette maladie était une affaire de sorcellerie", dit-il. "Ils se rendaient donc dans des lieux de prière à la recherche d'une guérison miracle, au lieu de se rendre au centre de santé pour se faire soigner. Nous essayons de dire aux gens qu'une maladie doit toujours être traitée à l'hôpital, et qu'il faut venir dès qu’ils remarquent les premiers symptômes".

Umetuku ajoute que l'apparition de la variole du singe dans sa zone de santé est un indicateur du risque élevé de transmission au sein des communautés locales.

Le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, Chef du Bureau de l'OMS en RDC, affirme l'engagement continu de l'OMS à soutenir les efforts de surveillance et de traçage du pays. "Nous continuerons à travailler très étroitement avec les autorités à tous les niveaux", dit-il. "Nous continuerons également à soutenir la sensibilisation et l'engagement des communautés, et à fournir toute l'assistance nécessaire pour la prise en charge des patients atteints de la maladie".

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